Ce texte est le troisième et dernier volet du récit « S’il vous plaît, ne me dites pas que je suis gentille ».
Si vous n’avez pas eu l’occasion de lire les deux lettres précédentes, vous les trouverez en cliquant sur les liens ci-dessous :

 

Premier volet : « S’il vous plaît, ne me dites pas que je suis gentille 1/3 »
Second volet : « Ce que j’ai perdu en chemin »

Bonne lecture !

Dans la lettre précédente je vous faisais part de mon sentiment d’impuissance en voyant que malgré ma prise de conscience à propos de mon schéma cherchant à faire plaisir aux autres en étant « gentille » et « douce », celui-ci revenait encore et encore, en dépit de tous mes bons efforts pour essayer de le remplacer par « j’apprends à prendre soin de moi ».

C’était comme si ce comportement était tellement ancré qu’il était plus fort que moi.
Et la force de ma volonté n’y pouvait pas grand chose.

Le jour où ça a commencé à changer, ça a été le jour où j’ai vraiment saisi, dans ma chair, dans mes cellules et mon être, que cette stratégie de plaire pour apaiser était une stratégie de survie.

Elle m’avait, à sa manière, sauvée la peau tout au long de mon histoire.

Même si je la trouvais obsolète et plutôt handicapante, elle avait été l’expression la plus intelligente qu’a eu la Vie en moi pour prendre soin de moi.

Et elle s’est démenée de ouf pour y arriver !
Même dans des circonstances extrêmes.

Mais pour arriver à cette prise de conscience, j’ai dû parcourir tout un chemin !

De détestée et rejetée, j’ai débuté par me détendre en sa présence.
J’ai commencé par la tolérer.
Je ne l’aimais pas ! Loin s’en faut, mais j’ai appris à cesser de lutter contre elle – de toute façon, elle était là, que je le veuille ou non.

Bon, d’accord, t’es là. J’te vois.

Ça créait du « bon doux » à l’intérieur de moi, de ne plus essayer de la chasser. Parce que, ce faisant, c’était une partie de moi que je mettais à l’exil…

Avec le temps et de nombreux rapprochements et voyages d’apprivoisement, j’en vins à la considérer avec beaucoup de gratitude. Ce n’était plus juste une sorte d’idée mais une véritable appréciation depuis le coeur.

En apprenant à la regarder sans hargne, avec un minimum d’ouverture et de curiosité, j’ai pu comprendre et ressentir, surtout, l’étendue de ses services rendus.

Un beau jour, je l’ai vue avec un regard renouvelé, ému.
Cette partie de moi, c’était une vraie guerrière.
Elle se donnait à 200% pour moi.

Je le lui ai dit :

Tu es une guerrière.

« Elle » m’a regardée, émue à son tour d’être enfin reconnue.

Oui, merci de le voir…

Cela a été le début d’une amitié.

Nous avons vécu plein de choses ensemble, depuis.
J’ai appris -et j’apprends toujours – à être présente pour elle, pour l’aider à prendre confiance et j’ai pris soin des parties qu’elle cherchait à protéger : celles qui avaient pris cher dans le passé.

Cela l’a aidée à se décharger progressivement de ce rôle de me rendre « gentille ».

C’est toujours en chemin. Bien sûr.
Mais c’est un chemin plus joli, plus vivant et vibrant.

A travers ces mots, je rends hommage à cette partie de moi : celle qui pense qu’il faut que je suis gentille et que je m’oublie pour faire plaisir aux autres et éviter de souffrir. Et je la remercie en vous prenant à témoin.

Et à travers ces mots, je rends hommage aux parties de vous qui pourraient lui ressembler de quelque manière que ce soit. 

Parce que, diantre ! Qu’est-ce qu’elles vous ont été utiles, à vous aussi, ces parties de vous ! Y compris (voire surtout) celles que vous détestez le plus.

Eh oui, je les trouve si belles, toutes ces parties ! Si uniques et si acharnées à essayer de nous protéger avec leurs moyens du bord qui ne sont plus du tout adaptés à notre vie actuelle. Mais elles ne savent pas faire mieux.

Ces parties qui s’épuisent à la tâche, en ayant peur, en devant se chamailler avec tout un tas d’autres voix ou parties à l’intérieur de nous qui veulent nous protéger à leur propre façon, parfois opposées entre elles. Ces parties qu’on aime pas de nous… Qui font que parfois on peut se détester… Je les trouve merveilleuses.
Et je les salue.

Ensuite, d’autres possibles s’offrent à nous. Rapatrier son Soi, son essence, son âme, son êtreté, sa conscience, sa présence, ou appelez-le comme vous voulez, pas à pas pour enfin se retrouver.

Bien sûr, ça prend du temps.
Les choses importantes, du cœur, du corps et des profondeurs nécessitent ce temps-là.
Cette attention.
Cet amour renouvelé.

On a à y revenir.
Autant de fois qu’il le faudra.

Il me semble que c’est la chose la plus importante à faire.
Rapatrier ses bouts.
Les ramener à la Maison.

C’est tout ce que je peux vous souhaiter.
D’aimer vos bouts.
De vous aimer bout à bout.

Parce que tout en vous est aimable et a une bonne raison d’être là (y compris ce que vous détestez le plus).

Je me permets de vous embrasser, n’en déplaise à certains 😉

Carol