Cette lettre est la suite du récit que j’ai commencé à partager hier avec vous.

Si vous n’avez pas eu l’occasion de la lire et que vous aimeriez la découvrir,
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Carol

Dans la lettre d’hier, je partageais avec vous la prise de conscience de l’origine de mon malaise face à l’image qu’on me renvoyait souvent de moi : que j’étais si douce, si gentille.

Dans un premier temps, j’ai découvert que ces « qualités » ont été mes bouées de sauvetage pour tenter de ne pas irriter les miens. Pour obtenir leur approbation et ainsi me sentir un peu plus aimée d’eux…

J’avais peur de la violence, même si on ne me frappait pas

J’avais peur des regards de pistolet qui me menaient à la baguette dans le plus absolu des silences

Les non-dits qui voulaient tout dire, me blessaient tant que j’aurais fait l’impensable pour ne pas avoir à naviguer entre eux.

Quelque part, à l’intérieur de moi, ça criait : Tout sauf ça !

Fallait trouver un moyen de l’éviter à tout prix. Tout simplement parce que ça faisait trop mal, et qu’en tant qu’humaine normalement constituée, je ne souhaitais pas souffrir.

Une partie de moi comprit vite que la gentillesse et la douceur, faire plaisir à autrui, se mettre dans ses chaussures et anticiper ses besoins, ça marchait plutôt bien comme stratégie d’apaisement.

Mais pour y avoir accès, à cette gentillesse et à cette douceur qui devaient me rendre « moins insupportable » et désarmer les colères potentielles des miens ; pour les cultiver et les maîtriser avec brio, il fallait « lâcher des choses » en chemin…

Et c’est là que le bât blesse…

Ce que j’ai dû lâcher en chemin, ou plutôt mettre bien au loin, inaccessible, c’était

mon authenticité.

mes propres désirs,

mon élan vital,

ma boussole intérieure,

la manifestation de mon individualité dans toute sa splendeur.

Chercher à faire plaisir aux autres requiert beaucoup d’énergie et d’attention et c’est peu compatible avec l’écoute de soi, notamment quand ce soi a d’autres envies, besoins, idées, etc.

Il faut faire un choix.

Et le choix s’est fait vite fait…

Le goût amer de ce prix que j’ai payé, je l’avais dans l’os à chaque fois qu’on me rappelait combien j’avais réussi mon coup.

« Tu es si douce, si gentille ».

Je vous étriperai !

Mais en fait non. Ce n’était pas vous que j’étriperai.

C’est moi.

Pour ce que j’étais devenue.
Et pour ce que je n’ai pas été.

Cette rage, c’était la rage d’avoir égaré mon « êtreté ».

De l’avoir bradée contre cette stratégie de mes deux qui me collait au corps comme une maladie.

J’avais envie de m’étriper moi.
D’arrêter de faire plaisir.

Je veux me faire plaisir !!!

Et c’est là que le constat a été accablant…

Euh… je ne sais pas ce que je veux.
Je ne sais pas qui je suis vraiment.

Mon Soi s’était taillé (ou avait été taillé, plus précisément) beaucoup trop loin à coup de baffes et de mise à l’exil.

D’autres voix s’élevèrent aussi :

  • Non, mais… si tu arrêtes de faire plaisir, à ton avis il te restera quoi ou qui autour de toi ?
  • Bah ! De toute façon tu ne sais même pas ce que tu veux…

Pas jolies jolies les voix qui rattrapaient.
Je vous en épargne bien d’autres mais ça chantait de plus belle les louanges de mon incapacité et de ma nullité.

La honte n’était jamais bien loin lorsque ça piaillait à l’intérieur. Elle prenait pleine possession de mon royaume intérieur sans vergogne.

C’étaient jours de lapidation et jours de deuil, coup sur coup.

Je ne voulais plus être celle-là.

Et je voulais dégommer la partie de moi qui continuait à vouloir faire plaisir malgré tout.
Alors que j’avais compris qu’il n’y avait plus de raison de fonctionner ainsi.

Mais ça me rattrapait.

Encore et encore.

Toujours plus forte que moi, elle s’immisçait dans ma vie, dans mes relations, dans mes projets, l’envie de faire plaisir aux autres.

L’épuisement n’était jamais bien loin (de plus en plus rapide à faire son apparition, d’ailleurs) et le constat renouvelé sans cesse que je n’arrivais pas à m’écouter moi, à prendre soin de moi correctement.

Et ça, je peux vous le dire, c’était rageant !

Rendez-vous demain pour connaître la fin de ce récit…

Si ces mots vous ont touché.e et/ou résonnent dans votre vécu, vos mots à vous seront aussi les bienvenus.

Si vous pensez qu’ils peuvent résonner chez quelqu’un que vous connaissez, alors, s’il vous plaît, partagez-les avec lui, en lui renvoyant ce message ou à travers les réseaux sociaux…

Merci

Avec tout mon coeur,

Carol