Tu es si gentille, si douce…

De jolis compliments que l’on se devrait d’apprécier, n’est-ce pas ?

En fin de compte, la gentillesse et la douceur sont des qualités tout à fait honorables dont le monde aurait tant besoin…

Eh bien, lorsque ces mots m’étaient adressés, une partie de moi, bien refoulée mais hurlant tellement fort que je ne pouvais l’ignorer, sentait de l’horripilation en m’entendant ainsi décrite.

Oui, le terme est fort, mais le ressenti l’était tout autant.

Bien sûr, ma « gentillesse » et ma « douceur », encadrées par ma politesse, m’empêchaient de récuser de tels honneurs.

Mais au fond, cela me rendait folle qu’on dise cela de moi.

Mais pourquoi diantre me sentais-je ainsi ?

C’est plutôt chouette d’être doux et gentil, non ?

Mieux vaut ça que d’être rêche et brutal.

Ou bien ?…

La question, je l’ai retournée dans tous les sens jusqu’à ce que l’évidence vienne me frapper à la vie avec une violence singulière…

Être douce et gentille a été le prix à payer pour pouvoir rester en lien avec ceux qui m’avaient à charge lorsque j’étais enfant et qui devaient assurer ma protection…

Comment ça ?
Vous savez ?

Faire plaisir,

anticiper les besoins des autres,

être à leur écoute,

surtout qu’ils ne se fâchent pas,

qu’ils ne soient pas agacés par ma présence,

par ce que je fais (mal) ou ne fais pas (bien).

Arrondir les angles, sourire surtout, même quand ça crève le cœur et que la larme titille les yeux et le nez.

Ravaler tout ça.

Écouter l’autre, lui faire plaisir.
 
« Qu’est-ce qu’elle est sage et gentille, cette petite », « Sa douceur est remarquable »…

Papa-maman-sœur-grand-mère-maîtresse pas (trop) en colère ce coup-ci ? Ouf ! ça a marché. Recommençons.

Mince, ça n’a pas marché cette fois ? Ils se fâchent de plus belle ? Faut tenter plus fort, être plus gentille, plus douce, plus sage.

Ne pas se plaindre.

Ne pas dire.

Ne pas se dire.
 

Ca finira par passer.
Ils verront bien que je suis gentille.
Que j’ai fait des efforts…

Non ?

Tant pis…
C’est pas grave.
Ils ont tant de choses à faire, à gérer.

Je n’ai pas été si sage finalement.
Pas si gentille.
Si maman n’est pas contente c’est sûrement parce que j’en ai pas fait assez.

Peut mieux faire !

Et c’est reparti pour un tour de manège qui ferait vomir sauf que là, il faut sourire. Et qu’en face ça fait (parfois) sourire. C’est dire que ça marche.

Allez, on recommence…

Rendez-vous demain matin pour connaître la suite de ce récit…

Et si ces mots vous touchent et résonnent dans votre vécu, vos mots à vous seront aussi les bienvenus.
Et s’ils peuvent résonner pour quelqu’un que vous connaissez, alors, s’il vous plaît, partagez…